La Serbie, qui a entamé une politique de rapprochement vis-à-vis de l’Union Européenne (UE), pourrait capitaliser sur cette adhésion et tirer vers le haut une croissance qui est déjà intéressante. Cependant, plusieurs freins à cette intégration sont visibles : organisation administrative, système judiciaire non aligné et relations diplomatiques non alignées aux actions de l’UE.
En 2014, la Serbie a fait appel au FMI pour réduire le déficit public et relancer la croissance économique. Ce soutien du FMI lui a notamment permis d’engager des réformes de consolidation des comptes publics, de même que la mise en place de mesures fiscales et administratives pour attirer les investisseurs étrangers. La Serbie s’est aussi dotée d’une politique monétaire visant la stabilité du taux de change par rapport à l’euro. Ces efforts ont payé, le pays a notamment retrouvé une croissance économique et une stabilité macroéconomique et ce malgré la crise du Covid-19. Il convient de noter que sur la période 2018-2022, la Serbie a réalisé l’une des meilleures performances d’Europe en termes de croissance économique, atteignant en moyenne 3,5% par an. En 2023, la croissance économique du pays s’est établie à 2,5%, un taux de croissance identique à celui de l’année précédente.
Selon l’Agence française de développement (AFD), la Serbie est l’une des économies les plus ouvertes au monde, le commerce représente en effet 62% de son PIB, dont 42% pour les pays de l’UE et 25% à l’échelle mondiale. Cependant, la Serbie continue d’enregistrer une forte inflation, 12,1% en moyenne sur l’année. Pour 2024 et 2025, le Fond Monétaire International prévoit une croissance à 3,5% puis 4,5% et estime que l’inflation devrait quant à elle ralentir. Selon l’AFD, la croissance et le développement économique de la Serbie reposent sur plusieurs facteurs : des réformes fondamentales de son modèle énergétique, l’évolution du contexte économique mondial et une hypothétique intégration rapide dans l’ UE, à laquelle la Serbie est candidate depuis 2012.
Selon une étude menée par la Chambre de commerce et d’industrie française à l’international, les marchés les plus porteurs sont l’agriculture, l’automobile, les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), ou encore les infrastructures et le BTP. L’industrie automobile, vieille de 70 ans, constitue l’un des fleurons de l’économie serbe. Ce sont près de 60 compagnies internationales et six constructeurs automobiles qui ont des activités en Serbie. La CCI France International explique notamment que depuis 2000, les projets du secteur de l’automobile ont accumulé plus de 1,7 milliards d’euros d’investissements étrangers et ont créé près de 27 000 nouveaux emplois. Le groupe Fiat est notamment le principal constructeur en Serbie. Un accord a été mis en place avec le gouvernement pour établir une stratégie de développement nationale du secteur. Dans le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire, la Serbie démontre aussi un fort potentiel, 70% de la surface du pays est dédié à l’agriculture. La Serbie est leader en matière de production de framboises, pommes, prunes, raisins et cerises. Les sociétés françaises actives dans ce secteur en Serbie sont : les céréaliers Axereal et Limagrain, Sanders et Phophea, Danube dans l’élevage, Timac Agro dans la fertilisation et l’agrofourniture.
D’autres groupes telles que Lactalis et Savencia sont aussi présents. Les experts du secteur estiment malgré tout que le potentiel agricole du pays n’est pas totalement exploité et que les infrastructures doivent être modernisées.Selon la CCI France International, le secteur du numérique est le moteur de l’économie serbe. Il compte une croissance annuelle moyenne de plus de 30% ces dernières années et le gouvernement a multiplié par dix son budget dédié à son développement. Enfin, le secteur des transports et des bâtiments croit d’environ 25% chaque année depuis cinq ans. Des entreprises françaises telles que Vinci Airport et Véolia sont très présentes sur le marché serbe. Toujours selon l’AFD, les principaux moteurs de la croissance serbe sont les investissements directs à l’étranger (IDE) et les exportations. Sur la période 2018-2022, le taux d’investissement a atteint en moyenne un quart du PIB. Les taux d’investissements, publics ou totaux, dépassent la plupart de ceux des autres pays émergents d’Europe. Quant aux exportations, elles constituent elles aussi un véritable moteur de la croissance économique : leur part dans le PIB progresse constamment, ayant atteint 59% en 2021 contre 33% dix ans auparavant.
Selon le MINEFI français, les flux d’IDE qui entrent en Serbie ont considérablement augmenté sur la dernière décennie. Ils sont passés d’un milliard d’euros en 2021 à 4,4 milliards en 2022. En 2023, cette progression a continué puisque les flux d’IDE entrants ont augmenté de 2,0% sur l’année pour atteindre un nouveau record à 4,5 milliards d’euros. Ils ont ainsi représenté 6,5% du PIB. L’UE est le premier investisseur étranger en Serbie pour l’année 2023. Le stock d’IDE s’établit à 22,3 milliards d’euros. Les flux principaux proviennent dans l’ordre, des Pays-Bas, d’Autriche et d’Allemagne. Les plus grands investisseurs en Serbie sont : le groupe de télécommunication norvégien Telenor, le constructeur automobile Fiat, neuvième exportateur du pays, les groupes Bosh et Siemens, et les entreprises françaises Vinci et Michelin, quatrième exportateur du pays. Depuis 2022, la Chine est devenue le deuxième fournisseur d’IDE de la Serbie. Le pays a une place importante dans le projet des Belt and Road Initiatives. La Chine conduit des chantiers majeurs d’infrastructures en Serbie, chemins de fer, autoroutes, ou encore le métro de Belgrade. Selon les données du MINEFI, parmi les principaux investisseurs étrangers chinois en Serbie, il faut mentionner le groupe sidérurgique HBIS, premier exportateur du pays, et le groupe minier Zijin. La Russie quant à elle, occupe la quatrième place des pourvoyeurs d’IDE en Serbie, notamment par le biais du groupe gazier Gazprom.
A propos des relations économiques entre la France et la Serbie, en 2022, selon le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français, les échanges entre les deux pays ont atteint 1,6 milliard d’euros. Ils ont triplé depuis 2010, depuis l’entrée en vigueur de l’accord commercial intérimaire entre l’UE et la Serbie. En 2022, la France était le 11e fournisseur de la Serbie, et son 14e client. Elle joue également un rôle important en termes d’IDE, atteignant près de 1,2 milliard d’euros d’investissement en 2022. On compte au total près de 80 entreprises françaises installés en Serbie. A noter que les principaux investisseurs français sont Vinci, Suez, Schneider Electric, Michelin, Crédit Agricole, Tarkett, Savencia, Atos et Lactalis. Le secteur manufacturier est la branche d’activité qui concentre la majorité des flux d’IDE entrant en Serbie. Il y a ensuite, dans l’ordre, le secteur de la construction et le secteur des finances et des activités assurancielles. Cette hausse des IDE se doit notamment à plusieurs accords de libre-échange que la Serbie a signé avec l’UE, la Turquie ou encore la Russie. Membre de l’ALECE (Accord de libre-échange centre-européen), la Serbie a signé un accord de libre-échange avec l’AELE (Association européenne de libre-échange), mais également depuis 2023, un accord de libre-échange avec la Chine. Pour finir, le pays bénéficie du système de préférence généralisé pour les échanges avec les Etats-Unis, le Japon et le Royaume-Uni. Le pays a également mis en place une quinzaine de zones franches dans le but d’attirer les investisseurs étrangers. Ces zones donnent aux entreprises des avantages spécifiques tels que des exonérations de TVA et de droits de douanes à l’importation sous certaines conditions.
Dans ce contexte économique plutôt propice aux investissements, la Serbie est confrontée à un grand défi : la violence et la criminalité. La Serbie est un pays très fortement touché par la criminalité et la corruption, notamment au sein de ses institutions. Selon l’index mondial de la paix, le pays est dans un état de paix relative. Il se place à la 33e place en Europe et à la 65e place sur 83 pays dans le monde. Selon le classement de Transparency International pour l’indice de corruption 2023, la Serbie a perdu trois places, se positionnant ainsi à la 104eme place sur 180. Pour ce qui est de la criminalité, la Serbie est le troisième pays où il y a le plus de criminalité en Europe centrale et en Europe de l’Est.
Parmi les autres contraintes à l’investissement on note des finances publiques fragiles, un manque de productivité des industries extractives et manufacturières, un taux de natalité en baisse (-12% de la population en 25 ans) et enfin un taux privatisation des entreprises très bas malgré plusieurs réformes. C’est en particulier le cas du secteur de l’énergie qui devrait être une des cibles des prochaines réformes notamment pour améliorer sa productivité et optimiser la transition bas carbone. Mais le pays est dépendant pour son énergie, il importe notamment ses hydrocarbures et son gaz de Russie, mais également de l’électricité et du charbon à des coûts extrêmement élevés pour maintenir sa capacité de production. Cela explique, en partie, son déficit commercial de 2022, à 14% du PIB, un niveau jamais atteint en dix ans, selon les données de l’AFP. Enfin, la formation professionnelle reste le parent pauvre du domaine, cela impact fortement sa productivité créé une fuite des talents importante.
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