Depuis la Marche Verte de 1975, les provinces du Sud sont devenues un terrain de développement pour le Maroc, malgré des tensions diplomatiques et sécuritaires. L’accroissement des investissements internationaux continuent de soutenir le développement économique et la transition énergétique de cette région stratégique.
Le 6 novembre 1975, environ 350 000 Marocains ont convergé vers ces provinces, arborant des drapeaux et sans recourir à la violence, dans une démarche organisée par le roi Hassan II. L’évènement visait à revendiquer la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, alors sous contrôle espagnol. Cette marche a poussé l’Espagne aux Accords de Madrid, le 14 novembre 1975, établissant le retrait de la puissance coloniale du Sahara occidental. Au lendemain de ces accords, la priorité du royaume est l’investissement dans l’infrastructure afin d’améliorer le niveau de vie des populations.
Sous les règnes de Hassan II et de Mohammed VI, les provinces du Sud ont connu deux phases de développement significatives. La première, entre 1976 et 2015, a été marquée par un développement structurel majeur, avec la construction d'infrastructures essentielles telles que des routes, des logements décents, des réseaux d’électricité et d’eau potable. Des services publics dans les secteurs de la santé et de l’éducation ont été instaurés. Ces avancées ont considérablement amélioré les conditions de vie, malgré un système centralisé sur Rabat, un manque d’inclusivité et de création d'emplois. En 2005, le Plan d’Action pour le Développement des Provinces du Sud a renforcé les investissements publics dans les secteurs de l’agriculture, de la pêche et des ressources naturelles, contribuant ainsi à un développement socio-économique. Toutefois, la question du statut du Sahara occidental a continué de générer des tensions internationales, notamment avec le Front Polisario soutenu par l’Algérie. En 2015, un nouveau modèle de développement a été lancé, visant à promouvoir une autonomie régionale avancée et une décentralisation pour encourager l’inclusion sociale et la création d’emplois.
La deuxième phase du développement des provinces du Sud a été annoncée dans le discours prononcé par le roi Mohammed VI le 6 novembre 2015, où il a présenté le Nouveau Modèle de Développement des provinces du Sud (NMDPS). Ce modèle visait à relever les défis économiques, sociaux et humains de ces régions, en intégrant définitivement les zones sahariennes au Maroc, tout en valorisant leur culture et en respectant trois principes fondamentaux : participation, inclusion et durabilité. Le modèle repose sur une gouvernance décentralisée, dans laquelle les populations locales, par le biais d'élus légitimes, prennent part activement au développement. Il met également l’accent sur la valorisation des ressources locales pour générer des emplois et favoriser la pérennité, en particulier à travers des initiatives dans les secteurs de l’agriculture, de la pêche et des énergies renouvelables. Le roi a souligné l’engagement de l’État à soutenir ces régions par des projets d’envergure, notamment la construction d’infrastructures, de technopoles, ainsi que des initiatives sociales et environnementales, pour un investissement total de 81 milliards de dirhams (environ 7,7 milliards d’euros) entre 2015 et 2021. Ces efforts visent à renforcer l’autonomie des provinces du Sud tout en réaffirmant l’attachement du Maroc à son intégrité territoriale, afin de garantir un développement durable et l’amélioration des conditions de vie des populations locales. Malgré la crise de la Covid 19, le rythme des projets lancés en 2015 est resté soutenu. Dix ans après le lancement du Nouveau Modèle de Développement, plus de la moitié des projets ont été réalisés, et le budget initial a été réévalué à 87,55 milliards de dirhams (environ 8,3 milliards d’euros).
Parmi les projets importants, on note le raccordement de Dakhla au réseau électrique national. Lancé en 2016, le projet a pour objectif de renforcer la sécurité énergétique des régions du sud, notamment Laâyoune, Boujdour, Smara et Dakhla, tout en favorisant l’intégration des énergies renouvelables. Le NMDPS prévoit également la création d’un pôle industriel à Boucraa, avec un investissement de 16,8 milliards de dirhams (environ 1,6 milliard d’euros) pour valoriser le phosphate local, améliorer la compétitivité du Maroc et générer 1 270 emplois à travers la construction d’installations industrielles, d’un port et d’une plateforme de production d’engrais.
La réhabilitation de la route nationale n°1, dont la fin des travaux est prévue pour décembre 2024, constitue un autre projet majeur du NMDPS. La construction de l’autoroute Tiznit-Dakhla, d’un coût supérieur à 9 milliards de dirhams (860 millions d’euros), reliera Tiznit à Dakhla sur 1 055 km. Ce projet a pour objectif d'améliorer la sécurité routière, de réduire les coûts de transport et de stimuler les investissements ainsi que la création d’emplois. À terme, l’autoroute facilitera les échanges entre le nord et le sud du pays, tout en renforçant les connexions avec l'Afrique.
Le projet du port Dakhla Atlantique, situé à 40 km au nord de Dakhla, vise à devenir un centre économique régional et un acteur important du transport maritime international. Prévu pour être achevé en 2028, il requiert un investissement de 12,5 milliards de dirhams (environ 1,1 milliard d’euros) et devrait créer de nombreux emplois directs et indirects tout en soutenant l’économie locale et en intégrant des normes écologiques adaptées aux évolutions du secteur. Par ailleurs, des infrastructures agricoles se développent dans les régions de Laâyoune et Dakhla, incluant l’utilisation d'unités de dessalement d'eau de mer alimentées par l'énergie éolienne. Les provinces du Sud, riches en ressources renouvelables, contribuent également à la transition énergétique du Maroc avec des projets solaires, éoliens et d'hydrogène vert représentant une capacité de 1,3 GW, pour un investissement de 22 milliards de dirhams (environ 2,1 milliards d’euros). Ces initiatives participent à la diversification de l'économie locale et au renforcement de l'indépendance énergétique du pays.
Le développement des provinces du Sud s’accompagne d’une attractivité croissante pour les investisseurs étrangers, grâce à un cadre juridique favorable. L’impulsion donnée par le roi Mohammed VI depuis 2015 se concrétise par un développement économique, touristique et culturel notable. Christophe Lecourtier, ambassadeur de France au Maroc, a visité les provinces du Sud le 12 novembre 2024, pour constater les opportunités économiques qu’elles offrent. Il a affirmé être « aujourd’hui en capacité de commencer à imaginer des projets en réponse aux différentes opportunités qui se présentent, notamment dans le domaine économique ». Du 11 au 13 novembre 2024, une cinquantaine de chefs d’entreprises et de décideurs économiques français ont exploré ces opportunités, notamment dans les énergies renouvelables et les infrastructures. Ces journées économiques Maroc-France illustrent le souhait de Paris de renforcer ses relations avec le Maroc à travers des investissements concrets. Dans cette même optique, le 11 novembre 2024, l’Agence française de développement (AFD) a annoncé un plan d’investissement pour les régions du sud du Maroc, visant à renforcer les liens économiques et environnementaux entre le Maroc et ses voisins africains. Ce plan soutient des projets dans des secteurs clés comme l’agriculture durable, l’économie bleue et la coopération portuaire.
Par ailleurs, les investissements sont facilités par les solides relations économiques et stratégiques du Maroc avec l’Europe, les États-Unis et les bailleurs internationaux. La situation géographique du Maroc, à la croisée de l'Afrique et de l'Europe, en fait un carrefour stratégique pour les échanges commerciaux et les investissements. Le Maroc bénéficie d'accords commerciaux tels que le Partenariat privilégié avec l’UE et l'accord de libre-échange avec les États-Unis, facilitant l’accès au marché européen et nord-américain. Ces accords favorisent les échanges dans des secteurs essentiels comme l’agriculture, les énergies renouvelables et l’industrie.
De plus, le Maroc bénéficie du soutien d'institutions financières internationales comme la Banque mondiale et l’AFD, qui soutiennent ses projets de développement durable, notamment dans les infrastructures, la transition énergétique et la gestion des ressources naturelles.
L'attractivité des régions du sud du Maroc est en hausse, accompagnée d'un accroissement des investissements, mais des défis demeurent pour ces territoires.
- La question du statut des provinces du sud est un facteur d’instabilité pour les investisseurs, malgré une reconnaissance internationale de plus en plus marquée ces dernières années.
- Les relations avec l'Union européenne, bien que généralement bonnes, ont été marquées par l'annulation, le 4 octobre 2024, de deux accords commerciaux entre le Maroc et l'UE par la CJUE.
- Les tensions croissantes avec l’Algérie représentant un risque possible d’instabilité sécuritaire.
- Un risque notable d’attentat de la part du Front Polisario, qui a rompu le cessez-le-feu fin 2020 et a intensifié les attaques meurtrières contre les militaires marocains, mais également à l’encontre des civils à l’instar du 9 novembre dernier, lorsque le Front Polisario a tiré des projectiles sur un événement festif à Mahbès. Les infrastructures industrielles pouvant être elle aussi impactées, comme ce fut le cas le 29 octobre 2023, lors d’un attentat revendiqué à Smara, où quatre explosions ont visé le quartier industriel.
L'État marocain œuvre à renforcer une gouvernance sécuritaire solide afin de favoriser le développement de cette région et restreindre l’influence des groupes dissidents internes et externes. Depuis plusieurs années, des dispositifs de sécurité adaptés assurent la stabilité dans les provinces du Sud. Le gouvernement marocain a instauré une présence forte des forces de l’ordre pour contrôler le territoire, lutter contre toute forme de militantisme ou de séparatisme, et protéger les infrastructures stratégiques, notamment dans les secteurs de l’exploitation des ressources naturelles, comme les phosphates et la pêche.
Cependant dans ce contexte les enjeux diplomatiques et sécuritaires propres à cette région doivent être compris pour maximiser les opportunités concrètes offertes par ce territoire. A cela s’ajoute les contraintes réglementaires et opérationnels des investisseurs devant déployer sur place des collaborateurs, Risk & Ops qui dispose dans le pays d’une filiale opérationnelle depuis 2020 est en mesure d’apporter son expertise et des moyens opérationnels adapté.